Gazette de l’ORPAM N°2 Février 2021

Gazette de l’ORPAM N°2 : Février 2021

Vos promenades préférées

L'Ile Louët et le Château du Taureau
L'Ile Louët et le Château du Taureau
Rocher du Crapaud à Plougasnou
Rocher du "Crapaud" à Plougasnou

Jean-Yves Kerboriou

Nous avons la chance d'habiter une région très belle et très riche, avec des paysages toujours très beaux aussi bien en bord de mer qu'en campagne. Comme j'habite à Plougonven à proximité de l'ancienne voie ferrée nous nous y rendons très souvent avec mon épouse. J'invite les morlaisiens qui ne connaissent pas cet endroit à s'y rendre, car il est très facilement accessible et ne présente pas de difficultés particulières, si ce n'est la distance pour les courageux qui voudraient aller jusque Carhaix, voire au-delà.

 Nous apprécions également les ballades en bord de mer : St Samson et son "crapaud" au pied duquel nous campions avec nos trois enfants autrefois (Nostalgie, nostalgie ...)

Nous aimons également nous rendre à Locquirec faire le tour de la "pointe du corbeau", à Carantec bien sûr, à l'ile Ste Anne
 à St Pol de Léon, à la Pointe de Primel à Plougasnou et bien d'autres sites remarquables dont on ne se lasse pas, car chaque fois différents.

Le port de Locquirec
Le port de Locquirec

Dominique, bretonne d’adoption

Différentes vues de l'île Callot à Carantec

Originaire des Ardennes (département occupé par de nombreuses forêts).

Une des promenades que je préfère (et il y en a de nombreuses) c’est celle qui me conduit sur l’ile Callot.

Je l’ai faite à plusieurs reprises (et je ne m’en lasse pas), soit en compagnie de mon mari Francis, soit en compagnie de notre chienne Samba qui malheureusement nous a quitté l’été dernier !

Il faut partir du port de Carantec et emprunter la longue route submersible (toujours bien vérifier les horaires de marées avant le départ).

Quand on traverse cette route par un bel après-midi ensoleillé, on découvre de chaque côté de la chaussée de nombreux pêcheurs à pied, occupés à ramasser des coques, des palourdes, des bigorneaux ou des crevettes. Pendant la période des vacances d’été, de nombreuses voix d’enfants se font entendre à la découverte de petits crabes courant
sur le sable.

A mon arrivée sur l’ile, un sentiment d’apaisement me saisit.

De grands pins maritimes nous procurent un peu de fraîcheur quand il fait chaud ou un abri de fortune en cas d’averses.

Je longe la petite école toute fraîchement repeinte qui a accueilli les petits élèves de l’ile jusqu’en 1978 avant de devenir un gite de vacances.

Quelques maisons bordent cette route, mais les plus jolies (à mon sens) sont celles que je longe pour rejoindre la petite chapelle posée sur une bute.

Ces jolies maisons en granit et aux volets bleus sont blotties dans le sable comme pour se protéger des vents tempétueux, mais aussi peut être pour se protéger des regards indiscrets.

La petite chapelle est mon havre de paix et j’y entre à chaque fois. J’y entre, je m’assois sur un banc et je me laisse aller à mes pensées.

Les jours où je suis courageuse, je vais jusqu’à l’extrémité de île où se trouve une table d’orientation et je marche à travers des sentiers bordés par la lande bretonne. De nombreux arbustes et fleurs tapissent cette lande suivant les saisons.

En règle générale, pour le trajet du retour je passe par la grève et je longe la mer.

Et à chaque fois je fais le même constat : je suis émerveillée par la beauté de ces lieux, les couleurs, le calme et le côté sauvage des paysages.

Témoignage anonyme : mes promenades préférées

La pointe de Primel Trégastel
La pointe de Primel Trégastel
Morlaix vue du square de la chapelle de Notre Dame de Lourdes
Morlaix vue du square de la chapelle de Notre Dame de Lourdes

Sortir de chez moi : quand cette activité nous a été mesurée, en raison de la pandémie, j’ai compris que cela faisait partie des petits bonheurs que l’on peut s’offrir au quotidien. Je me promène différemment suivant le temps, mon humour, mes envies. J’apprécie les promenades solitaires, une manière de converser avec soi, de penser, de se concentrer sur l’essentiel, mais dans un cadre familier, sécurisant : marche rapide, marche de santé, à travers cette ville aimée, jusqu’au port, le quai de Tréguier, les écluses, les bas de la rivière….

Parfois je décide de jouer « les touristes ». Le circuit des venelles est une source inépuisable de découvertes : façades ouvragées, pierres sculptées, escaliers improbables, pavés usés par le temps. Il faut voir la perspective incroyable du premier étage du Viaduc, la vue à couper le souffle…. Passer d’une colline à l’autre et emprunter la venelle de la Roche, ou la venelle du Créou, la venelle aux Prêtres et l’escalier du Temps Perdu, la fontaine du Carmel, la rue Courte, la rue Longue, des jardins pentus…. Le vieux Morlaix n’a pas fini de me surprendre.

Quand l’appel du large se fait sentir, quand les beaux jours pointent leur nez, je m’offre « la super Promenade » celle qui enchante petits et grands de la famille : Primel Trégastel Le tour de la Pointe, la cabane du douanier, le granit, les rochers, les plages de sable ou de galets, les chemins tortueux, le gouffre, les odeurs de varech, de sable mouillé, de bruyères.

Et cette lumière incroyable qui joue avec la terre et la mer, qui surprend au détour d’un sentier, d’un trou d’eau, d’un rocher. Et la mer, immense, profonde, tantôt mouvante tantôt lisse, ses couleurs changeantes au gré de la marée, du soleil, du vent. Un grand moment de vie, de bonheur partagé, juste à portée de main….

 

Martine BAROSCO LE LUC :

‌Les confinements ne sont pas bénéfiques pour la vie sociale puisque toutes les associations sont à l'arrêt et pour les personnes seules c'est assez dramatique. J'avais l'habitude de faire beaucoup d'activité de sport, de bricolage, et de militantisme il a fallu s'adapter comme tout le monde.... Pour continuer les Conseils d'Administration dans les associations familiales dans lesquelles je militais au niveau Départemental et Régional, on s'est adapté on les fait maintenant «en visio conférence» ça permet d'avancer et de ne pas rester au point mort. Autrement quand on a la chance de ne pas être seule et d'habiter une maison avec jardin, on peut s'occuper, de toute façon avec la lecture, on ne s'ennuie jamais...

L'ordinateur me permet de faire des recherches, d'avoir des contacts par les réseaux sociaux mais également de finir d'écrire mon carnet de route sur «le tour de Bretagne historique» que j'ai effectué à plus de 70 ans en septembre et octobre 2018, 1000km en 50 jours à pied et en solitaire avec un sac à dos de 15kg et des bâtons de marche. et mon smartphone, très pratique puisque j'avais accès à Internet et je faisais profiter à mes amis des réseaux sociaux,
 de mes découvertes en photos et de mes galères tout au long du chemin.
Moi qui suis un peintre populaire sur les traditions de la Bretagne,
 j'ai cette fois-ci dessiné les contours de la Bretagne avec mes pieds.... 
Ce tour de Bretagne m'a fait lâcher prise sur toutes mes habitudes et évoluer en dehors de ma zone de confort. C'était l'aventure la plus complète, je n'avais jamais réalisé ce genre de projet, ni une aussi grande marche toute seule... Ce fut pour moi une expérience humaine très enrichissante sur tous les plans.

J'étais hébergée la plupart du temps chez des gens que je ne connaissais pas mais qui se portaient volontaires à travers les réseaux sociaux via Facebook et Messenger. Ma fille, moi ou des amis, lancions des appels régulièrement pour que je trouve gracieusement à chaque étape, un petit lit douillet et un repas chaud. C'était un genre de «couch surfing» beaucoup de personnes généreuses répondaient à ma demande, j'ai fait des connaissances fantastiques.  J'avais bien préparé mes étapes, j'avais des amis et des connaissances le long de mon cheminement qui pouvaient me recevoir lorsque j'arriverais dans leur coin.
Bien entendu si je ne trouvais personne pour m'accueillir je prenais une chambre d'hôtes ou j'allais à l'hôtel, mais parfois c'était la galère puisque certaines petites villes n'ont plus d'auberges à cause des normes qui sont trop lourdes. J'avais ramené une couverture de survie et un vêtement chaud si par la force des choses j'avais dû dormir dans une grange, mais ce n'est jamais arrivé...

J'étais donc préparée pour résister à un confinement, puisqu'il a fallu également rompre avec toutes nos habitudes, moi qui faisais beaucoup de sport, entre gym douce, pilates, aquagym, postural ball, Qi Gong et marche. Comme tout était à l'arrêt je me suis concentrée sur la marche nordique qui est un sport d'endurance complet qui fait travailler tous les muscles et permet d'améliorer le souffle et ses capacités cardiaques, mais aussi l'équilibre et la coordination. J'ai aussi de la chance de posséder une chienne Husky qui a un an et demi, elle est très dynamique, ce qui demande des sorties régulières. Avec mon mari on alterne les promenades,
Ce confinement est mieux que le premier puisqu'on n’est plus cantonné sur 1km...Comme j'aime faire de la marche nordique, j'ai éduqué ma chienne en l'attachant tout d'abord avec une corde autour de ma taille, cela me permettait de dégager les mains pour saisir mes bâtons, je l'ai habituée à marcher sur les bords des chemins, ce qui ne fut pas simple au départ. Maintenant qu'elle s'est acclimatée, j'ai acheté une ceinture de canicross, c'est bien plus confortable que la corde et nous allons marcher dans la campagne de Ploujean qui possède encore des endroits remarquables et boisés, comme le bois de Keranroux, le bois de l'ancienne propriété du maréchal Foch en bout de piste du terrain d'aviation ainsi que les environs du bois du château de Kérozar. Je n'ai pas besoin de prendre la voiture pour aller au bord de la mer. Ploujean possède un accès sur Dourduff près du bois de Succinio. Je fais donc de la marche en solitaire tout comme en 2018 lors de mes entrainements pour réaliser mon tour de Bretagne historique. Je rencontre quelques personnes et parfois des connaissances, cela me permet de discuter et d'avoir des relations sociales tout en gardant la distanciation nécessaire...

Le bois de Suscinio, l’arrivée sur le Dourduff en Mer
Le bois de Suscinio, l’arrivée sur le Dourduff en Mer
Château de Kerozar à Coat Congar
Château de Kerozar à Coat Congar
Promenade à Suscinio
Promenade à Suscinio
Le Dourduff en Mer à Plouezoc'h
Le Dourduff en Mer à Plouezoc'h

Enivrante balade - Jean Claude

C'est en passant Rue de Paris               

Que j'ai pu voir des chats tout gris

Et boire deux verres de Martini             

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix         

 

Je tourne à droite Rue du Palais

En ce doux soir du mois de mai

Je vais goûter le Beaujolais

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

Comme tous les soirs de la semaine

L'allée du Poan Ben, longée par le Jarlot à Morlaix

Je longe l'allée du Poan Ben

Mal à la tête c'est bien ma veine

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

J'arrive Place des Jacobins

J'avalerai un verre de vin

Pour étancher ma soif enfin 

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

Je me sers dans la Rue au Fil

Un petit coup y-a pas péril

Une gorgée ainsi soit-il.

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

À mes oreilles un doux vacarme

C'est soir de fête Place de Viarmes

Un remontant juste une larme

L’ancienne abbaye des Jacobins, près du musée à Morlaix

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

Dans la rue Ange de Guernisac

Je sors ma gourde du havresac

J'ai plus d'un alcool dans mon sac

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

 

Je vire à gauche Rampe Saint Melaine

J'y croiserai la belle Hélène

Des matelots des capitaines

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

Je descends Place des Otages

Des marchands et des étalages

Bars et restos parfait dosage

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

           

J'arrive Rue Pont Notre Dame

La place des Otages à Morlaix

Des pavés point de macadam

J'entonne padam padam padam

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

Je passe vite la Grand-Rue

Ici pas le moindre grand cru

Optiques et fringues plein la vue

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

Place Allende Place des Halles

De la musique un petit bal

L'Aurore Ty-coz douces escales

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

Quand j'arrive Place du Dossen

Encore une fois dire « à la tienne » 

Et me voilà Place Traoulen

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix

 

J'ai ignoré le grand Viaduc

Mais je salue Claude Le Luc (clin d'œil à l'Orpam...)

J'arrête la tournée des grands-ducs

Ô Morlaix que c'est beau Morlaix.

L'allée du Poan Ben, longée par le Jarlot à Morlaix
L'allée du Poan Ben, longée par le Jarlot à Morlaix
L’ancienne abbaye des Jacobins, près du musée à Morlaix
L’ancienne abbaye des Jacobins, près du musée à Morlaix
La place des Otages à Morlaix
La place des Otages à Morlaix
Place Allende et rue de Traverse à Morlaix
Place Allende et rue de Traverse à Morlaix

Corinne LE NOAN :

La population morlaisienne ayant pris l’habitude de faire le tour du bassin en 2020 pour des raisons sanitaires, je vous propose un extrait de l’histoire du médaillon des « Corbières » cours Beaumont que je devais faire découvrir aux Amis du musée en avril 2020.

L’œuvre est due à Antoine Emile Bourdelle qui l’a exécutée en 1912, pour honorer la mémoire de l’armateur écrivain Edouard Corbière et de son fils.

Les deux profils, coulés dans le bronze, sont fixés en 1913 au mur de schiste de la propriété de la veuve du marquis Tardieu de Maleyssie », c’est à dire, le château de Coatserho.

Le médaillon, de même couleur que la roche, disparaît aujourd’hui dans la nature en décalage par rapport à l’emplacement d’origine.

Le médaillon de Corbière, cours Beaumont à Morlaix
Le médaillon de Corbière, cours Beaumont à Morlaix

Les deux têtes, regardent vers le large faisant presque corps. L’artiste a voulu faire ressortir la profondeur des liens père/fils qui ont tous deux Edouard pour prénom, un respect mutuel, des goûts communs : la Bretagne, la navigation, la littérature, la vie portuaire.

Bourdelle savait-il que « corbière » est un terme géographique désignant certaines parties du littoral des îles normandes et qu’il y a un phare Corbière à Guernesey ?

Edouard père était marin et n’a pas eu une vie banale. Il est considéré comme le père du roman maritime, fut rédacteur du Journal du Havre et fondateur, avec associés de la Compagnie du Finistère qui a armé successivement trois bateaux pour relier une fois par semaine Mx/Cherbourg/Le Havre de 1839 à 1924. Marié à la fille de son meilleur ami, le couple aura quatre enfants dont Tristan qui, baptisé Édouard, se fait appeler « Tristan » et adopte ce bonnet de forçat à Roscoff. Sa santé étant fragile, son éducation est libre et atypique pour l’époque, on lui laisse faire ses « loufoqueries », mais il ira au collège à Saint Brieuc, d’où il écrit à sa mère : « Papa a peur que je fasse le loustic mais je ne l’ai jamais été ». Le Courrier du Finistère pense que Tristan a montré trop de fougue et de sensibilité et pas assez de « mesure classique » pour être un auteur apprécié de son vivant.

 

Ce bas-relief a été voulu par quelques écrivains passionnés de Bretagne, regroupés au sein d’un « comité », une association pour récolter les fonds nécessaires. Certains membres étaient déjà mobilisés pour l’inauguration du théâtre de Morlaix : Le Goffic, Anatole le Braz et Léon Durocher le président. Sont adhérents : le critique d’art d’origine morlaisienne Gustave Geoffroy, directeur des Gobelins, il organise une soirée à l'Odéon. Charles Morice, Jean Richepin de l’Académie Française, propriétaire d’une maison sur l’île Tristan,

Mr Villain, ancien pensionnaire de la Comédie Française, propriétaire d’une villégiature à Roscoff. Yves le Fevre.

Le Goffic s’adresse à Bourdelle pour le monument, en tant qu’ami. Le sculpteur est né à Montauban en1861, mort à Paris en 1929. Il débute véritablement sa carrière en 1889 grâce à l’ange ailé et travaille pour Rodin. Bourdelle sait coller aux goûts des commanditaires, il s’adapte aux styles avec sa personnalité à partir de 1893.
 Il passe à la postérité avec l’Héraklès archer en 1908 et exécutera 80 bustes de Beethoven. L’archer a servi de logo pour un cahier d’écolier.

Il y a bien peu de traces de la commande pour Morlaix au musée Bourdelle et dans celui des Jacobins : le comité a fourni une des rares photos de Tristan, un cliché anonyme, datée autour de 1870 quand il est âgé de 25 ans.

Ce « haut-relief » est présenté au salon de l’automne 1912 sous le titre : « deux grands écrivains bretons, le père et le fils, double médaillon destiné à Morlaix » au moment où, avec Auguste Perret, l’homme de la reconstruction du Havre, ils édifient le théâtre des Champs Élysées qui sera inauguré le 2 avril 1913. L’hommage aux Corbière a sans doute été exécuté entre cette commande, les cours qu’ils donnent, sa famille et la gestion de sa gloire, preuve de son adaptation et de sa vitesse d’exécution mais l’artiste, alors au faîte de sa reconnaissance publique, ne vient pas à l’inauguration du monument le 1er octobre 1913.

Il est alors assez connu pour soutenir son travail à New York à l’Armory Show, puis à Boston ou Chicago.

La fête à Morlaix se déroule sous la pluie, en présence du vapeur de la Compagnie du Finistère, l’Edouard Corbière, pavoisé pour l’occasion.

La veille, les protagonistes, dont Etienne Clémentel, ministre de l’agriculture, qui achève une tournée du Morbihan à St Thégonnec, Jaffrennou et Gourvil, se rendent en pèlerinage au cimetière de St Augustin, sur les tombes des Corbière et de leurs « alliés » afin de déclamer de la poésie.

Les visites ministérielles sont rares, la journée s’achève par un banquet en mairie réunissant une centaine de convives.

 

Le lendemain à 10h30, sur le cours Beaumont, le cortège des officiels arrive au son de la Marseillaise, jouée par la musique municipale. La voiture du ministre est conduite par Mr Herr, brasseur et conseiller municipal, père de Félicie la peintre.

Le ministre, que l’on dit « ami des muses », « sacrifie l’espace d’une heure l’agriculture à la littérature pour présider de bonne grâce à la cérémonie, même s’il n’a pas fait un temps à mettre un ministre dehors ». Un cordon de fantassins, l’estrade et toute la décoration imaginable pour ce type d’évènement sont déployés pour l’accueillir entouré de l’élite locale : Mr Hervé, maire, le député maire de Ploujean Cloarec, Mr et Mme Vacher, généreux contributeurs en leur qualité d’agent général de la Cie Morlaix-Le Havre (sic), le rédacteur en chef du Journal du Havre et plusieurs négociants et conseillers municipaux.

 

La toile qui masque le haut relief est tirée, le président Durocher, membre de la première association des Bretons à Paris en 1894 puis de l'union régionaliste Bretonne à Morlaix avec Le Goffic, prend la parole pour s’adresser au maire de Morlaix : « Est-ce bien à vous que je dois remettre ces deux morlaisiens ? C’est un beau sujet de litige en partage de médaillon. Je supplie les deux maires de ne pas couper en deux l’œuvre du statuaire Bourdelle mais tout s’arrange, même en Bretagne », faisant référence au désaccord persistant qui préside au rattachement de Ploujean à Morlaix. L’orateur poursuit :  Edouard Corbière était : « l’ancien, rangé des voitures flottantes (...) » et Tristan : « le béret au vent, les narines tendues comme des voiles, près à s’évader de cette falaise terrienne pour atteindre Roscoff puis cingler vers Ouessant… Ne le laissez pas fuir Mr le Maire (...) ». Il ajoute que le sculpteur les a rendus si présent que : « le père Gad tremble pour sa vaisselle ».

La Résistance ne voit qu’un seul homme dans ce « monument curieux qui produit un effet bizarre. Après cela, il s’agit d’un homme qui fut tout de bizarrerie »

Certains regrettent le côté « ton sur ton », sans marbre ni granit pour souligner l’œuvre.

 

Mme Perdrici-Vaissière, « muse » d’origine corse, dit un poème. Il s’agit d’une auteure oubliée aujourd’hui que Victor Segalen a connue car il la cite dans sa correspondance avec Charles Morice. Théodore Botrel dit un poème sur la Marine en bois.

Mr Vilain de l’Académie Française poursuit avec un texte de Corbière.

Un vin d’honneur est offert par Mr Vacher au rédacteur du journal du Havre à bord de l’Edouard Corbière. Le lendemain, la balade littéraire se poursuit au théâtre.

La veuve de Bourdelle voulait vendre le fonds d’atelier à l’Etat, d’abord peu intéressé, le projet se concrétise en 1949 à côté de la gare Montparnasse.

A l’occasion du 100ème anniversaire du décès des Corbières, morts tous les deux en 1875, André Cariou, conservateur du musée de Morlaix, acquiert le 1er tirage en bronze, d’après le plâtre original de Tristan seul auprès du musée parisien Bourdelle qui juge le cours Beaumont : « peu attrayant, le buste invisible ».

Mr Jourdan, conservateur à Morlaix, organise une rétrospective en 1995 pour le 150ème anniversaire. Il dépose et repose le bas-relief à l’endroit actuel pour offrir une meilleure visibilité au buste qui, néanmoins, se livre uniquement aux curieux.

Anne REUNAVOT :

Allée de Coat Amour, qui surplombe la route de Paris à Morlaix

Allée de Coat Amour, qui surplombe la route de Paris à Morlaix

Allée de Coat-Amour :                                                                                           

Cela commence par une pente douce que je dévale d’un bon pas,

Grisée par la liberté retrouvée, le plaisir de respirer à plein poumons,

de regarder au loin les collines et  les cîmes des grands arbres.

 Cela se poursuit en faux plat, l’occasion d’allonger le pas, les bras en cadence.

Le terrain est meuble, les gravillons roulent sous la semelle.

Qu’importe, rien ne peut nous arrêter !

L’approche de l’ancienne maison de garde et de son mimosa,

le passage du premier pont sous lequel gronde la vie citadine.

Et nous voilà en pleine nature, sur un chemin sinueux, bordé de grands arbres.                     

Un ru circule dans le fossé fraîchement curé, des mésanges zinzinulent dans les hautes branches.

Séquence détente assurée !

Encore un pont, plus petit celui-là. Dessous passe un chemin qui rejoint la rivière en ébullition.

Puis, la dernière ligne droite, de cette ancienne voie ferrée.

Au bout le pont noir, qui porte si bien son nom.

Poursuivre ? c’est possible, à pied, à cheval ou à vélo, comme il vous plaira.

Pour moi, demi-tour, comme chaque jour, pour profiter doublement de ce bain de verdure,

Mon échappée verte !                                        

REMERCIEMENTS

Nos remerciements à toutes et à tous les participants de la seconde gazette, pour avoir témoigné.

 

Pour la gazette du mois de mars, nous vous proposons de partager vos recettes de cuisine, que l’on peut réaliser pour une ou plusieurs personnes. Donnez-nous l’envie de les expérimenter !

Elles peuvent concerner aussi bien une entrée, qu’un plat de résistance ou un dessert.

Nous attendons vos partages avec impatience !

Vous pouvez nous les envoyer par mail ou par courrier ou vous déplacer jusqu’au bureau de l’ORPAM.

Merci de nous faire parvenir vos recettes jusqu’au 29 mars 2021, dernier délai.

 

Mehdi LE BARS, Hervé HERRY